Quelle qu’en soit la raison, le départ du domicile conjugal ne sera pas un acte anodin et sans aucun risque de conséquences. Sachez qu’en langage juridique, cela se nomme « Abandon du domicile conjugal » et si cela n’est pas justifié par des éléments factuels prouvables (violences reconnues, …), les juges n’apprécient pas excessivement, et vous risquez de vous le voir reprocher comme un tort faisant poids dans la plaidoirie adverse (n’oubliez-pas la main courante au commissariat afin d’éviter ce déboire). Le domicile conjugal reste celui ou doit résider chaque membre du couple et cela jusqu’au jugement de divorce. Seule une décision de justice peut vous autoriser à vivre en dehors du domicile conjugal (en général, décision apparaissant au sein de l’Ordonnance de Non Conciliation, ou en cas de violence, un jugement motivé).
La décision de partir est très souvent impulsive et ne fait l’objet que de peu de préparation, et cela est une erreur qui peut être très conséquente. De plus, c’est généralement en plein milieu de la nuit que cette décision se prend (je ne pourrais pas en expliquer la raison) ! Voici donc de bonnes raisons de préparer cette situation au cas où … Préparer ne présage pas l’acte, mais si ce dernier se passe, la préparation permettra d’en réduire les conséquences néfastes.
De ce fait, certaines précautions sont à appliquer avant et après avoir franchi le seuil de la porte.
- Quand partir ? Ce départ doit être votre décision et non une stratégie pour voir l’autre vous prier de rester, ou déclencher chez lui une violence en réaction à vos actes. De ce fait, je vous conseille de partir en dehors de la présence de l’autre, cela se passera avec plus de sérénité.
- Avant de partir, sachez ou aller (ou dormir) et éviter, si c’est le cas, la personne qui pèse dans la balance de votre futur divorce. Car c’est partir sur des bases faussées (ce n’est pas son rôle d’être votre sauveur), lui faire porter votre décision avec un risque non négligeable de rétorsion de la part de votre époux (se) et enfin, vous attirer un tort qu’il sera très facile à prouver pour la partie adverse (Cf. l’article « Toujours et toujours mariés »).
- Mettez-vous en tête qu’une fois parti(e), vous laissez à l’autre tout loisir de tout faire avec ce que contient le domicile, et plus particulièrement vos affaires et tous vos souvenirs ou souvenirs communs. Destruction, vente, feu de joie ou de rage, tout est possible. Donc ayez évacué et mis à l’abri les objets, photos, documents (Cf. l’article « Décision prise : LA précaution à appliquer en urgence »), …
- Prenez vos précautions en terme de courrier, car l’autre aura tout loisir de subtiliser « par erreur » vos bulletins de paie, vos relevés bancaires, … Je vous conseille donc de passer le maximum d’éléments sur internet directement sans envoi de courrier (en gardant les codes rien que pour vous) et si ce n’est pas possible, d’essayer un envoi dans une autre adresse (personne fiable, honnête et discrète, qui vous gardera votre courrier durant cette période compliquée).
- Laisser un mot ? Afin d’éviter que votre acte déclenche un appel aux hôpitaux, police, …, laissez quelques mots factuels sur ce que vous faites, du type : « Je pars quelques jours réfléchir à notre couple. Je t’appellerais » ou « J’ai besoin de réfléchir à nous, je t’appellerais » ou « Notre couple passe un moment difficile, j’ai besoin de faire le point. Je t’appellerais » … Éviter d’utiliser le terme « quitter la maison », laissez-vous la possibilité de revenir et surtout, pas de longue lettre explicative qui pourrait se retourner contre vous par la suite.
- Au-delà des objets, le changement de serrure peut être un jeu pervers mis en place pour vous gâcher la vie. Et donc, si vous devez revenir, vérifiez bien que vous avez des documents officiels prouvant que vous habitez à ce domicile. Si c’est votre domicile, vous avez alors le droit de faire forcer la serrure par un serrurier, mais il y a une forte probabilité que la police s’invite à l’ouverture de la porte (et ne vous lancez pas dans les explications du divorce, mais dites simplement que vous avez perdu vos clefs et que l’autre est en déplacement). Mais quelle que soient les actions que vous aurez devant la porte close, je vous conseille de le faire en présence d’un tiers qui pourra toujours témoigner du respect de la loi et de la non-violence dont vous faites preuve dans ces moments difficiles.
- Rendez-vous dès le lendemain (heures ouvrées), dans un commissariat de police (à ma connaissance, la gendarmerie ne pratique pas de main-courante) afin de faire porter sur la main courante que : « A la suite d’un différend familial, vous avez été contraint(e) de quitter temporairement le domicile familial, que vous allez prendre quelques jours de recul, mais que cela ne constitue en rien un abandon de domicile ». Cette démarche vous permettra, au cas où, de réduire une future accusation que l’autre pourra vous brandir par l’intermédiaire de son avocat(e).
Mais n’oubliez-pas, si vous quittez, vous abandonnez tout et pour toujours … La décision est importante et conséquente.
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